Témoignages |
Quand un mono sein suffit pour allaiter
J'ai été bénie dans ma vie parce que j’ai eu le plaisir de donner « le sein » à mes cinq enfants. Cette limite singulière, « le sein », est très précise. Quatre de mes enfants ont tiré bénéfice du fait que je les ai nourris au mieux de mes capacités et que je le ferais aussi longtemps que je pourrais.
Je suis une mère qui allaite de façon unilatérale. Mon histoire a commencé il y a 33 ans, un frais matin de novembre.
J'avais six ans et venais de laisser sortir le chat. J'ai vu que le fourneau était allumé et j’ai tourné autour. Pendant que j'essayais de l'arrêter, mon pyjama a pris feu. J'ai été brûlée au 3ème degré. Des brûlures recouvraient 30 % de mon corps, y compris la moitié de l'avant de mon torse et ont effacé mon mamelon droit.
Quand j’ai eu 25 ans, j'ai commencé à m’informer sur ce que je devais faire pour pouvoir allaiter. Mon chirurgien esthétique m'a dit que je pourrais mais que j'aurais de grandes douleurs et des pressions d’engorgement dans mon sein droit brûlé et qu'il n'avait entendu parler d'aucun procédé par lequel les conduits du lait de ce sein pourraient être ouverts pour soulager cette pression.
Quelques années après, j'ai vu un autre chirurgien. Il m'a dit que les conduits pourraient être chirurgicalement ouverts, (aucun petit exploit !) quand j'ai commencé la lactation. Je devrais alors continuer à extraire le lait pour maintenir les conduits ouverts jusqu'à ce que la guérison soit complète. Je supporterais une certaine douleur, mais j'étais exaltée d'avoir trouvé quelqu'un essayais de m'aider.
J'ai continué mes enquêtes mais n'ai rien trouvé au sujet de ma situation particulière dans les textes médicaux et de soins que j'ai lus au fil des années. Même pendant ma formation initiale en tant qu'infirmière diplômée, l'éducation dans le domaine de la lactation manquait considérablement.
J'avais l'impression que les seins d'une femme fonctionnaient ensemble. Parmi mes amies, une seule était mère et quand elle allaitait, un sein fuyait en utilisant l'autre.
Dans mon cas, il n'y avait aucun endroit pour que cette fuite aille.
Mais je voulais vraiment allaiter, et j’ai décidé d'étudier la chirurgie de conduits de lait.
Le bébé que j’allais pourtant concevoir en a valu la peine. Avant même que je puisse prendre un rendez-vous avec le chirurgien esthétique, je suis tombée enceinte de mon premier enfant et j’ai été dirigée vers la consultante en lactation qui a travaillé avec le groupe médical de mon médecin de famille.
Linda était superbe, dés le départ elle m’a expliqué qu'il ne devrait y avoir aucun problème pour que j'allaite ; que c'était seulement une question de désir et de motivation. Je ne pouvais pas en croire mes oreilles. J'ai été informée sur tous les changements qui interviendraient sur mes seins et comment ils fonctionneraient indépendamment l'un de l'autre. Elle a alors parlé de comment les feuilles fraîches de chou pourraient supprimer la lactation dans mon sein droit invalide tandis que j'allaiterais avec le gauche. À ce moment la, je n’ai pas pu savoir à quel point l’aide de ces feuilles m'allait être utile. J'ai quitté ce rendez-vous me sentant confiante dans le fait que je pourrais allaiter mon enfant.
J'ai donné naissance dans l'hôpital, sans médicalisation, à un bébé, un garçon de 3,7 kilos. J'ai reçu peu de soutien pour allaiter de la part des infirmières de l’hôpital où mon fils nouveau-né, Paul, et moi étions suivis. Nous avons décidé de rentrer à la maison le jour même où j’ai donné naissance.
Le troisième jour post-partum, je me suis réveillée avec toute la joie d'avoir une paire d’obus d'un rouge ardent reposant sur mon buste. Je me suis sentie glorifiée.
J’allais bien. Linda et une autre consultante en lactation, le Dr. Janette Hurley, m'ont aidée grâce à leurs connaissances et encouragements, pendant ma première visite post-partum.
Le septième jour, je sentais moins d'engorgement dans mon sein droit. Puisque je n'utilisais pas ce sein et appliquais des feuilles de chou, la production de lait de ce côté était supprimée et le bébé se nourrissait avec bonheur au sein gauche. Lors d’un après-midi ardent, je me suis endormie avec quelques feuilles froides de chou sur mon sein droit et me suis réveillée avec la sensation d’avoir entièrement cuit le chou. Beurk.
J'ai allaité Paul pendant quatre mois et demi. Mais j'étais toujours soucieuse qu’il n’obtenait pas assez de lait. Pendant l’allaitement, j’ai donné du lait tiré de mon sein en supplément et du lait artificiel. Il s’est alors sevré de mon sein par la méthode la plus facile, le biberon.
J'ai été bouleversée et je n'ai pas su le récupérer au sein. Mon docteur ne m’a pas aidée et ne m’a pas demandé si je voulais continuer d'allaiter ni expliqué comment reprendre l’allaitement. Elle ne m’a même pas demandé si je voulais parler avec des consultants en lactation. Elle a simplement supposé que je ne voulais plus allaiter. Pourtant, j'aurais sauté sur le fait de pouvoir parler avec une consultante en lactation et de pouvoir reprendre l’allaitement. J’ai eu l’impression d’un échec complet et j'ai ressenti une énorme culpabilité. J'ai continué donner le biberon avec du lait artificiel et six semaines plus tard, j’étais à nouveau enceinte.
Cette deuxième grossesse a comblé le vide et a rallumé mon désir d'allaiter. La naissance de mon deuxième enfant, Matthew, fut complètement différente. Elle eut lieu à la maison, avec des sages-femmes, et cette fois là, j'ai eu beaucoup d'appui.
Après avoir demandé une sage-femme spécialisée dans l’accouchement à la maison, j'ai reçu une aide conforme dans les premières heures pour assurer l’arrivée de ce bébé et j’ai pris un bon départ. L'expérience fait beaucoup. J'avais même trouvé un livre qui parlait de l'alimentation unilatérale exclusive : « The nursing mother’s companion », par Kathleen Huggins (éditions Harvard Press, 1999). Tout allait bien jusqu'à ce que je me réveille d’une première petite sieste postnatale tandis que je m’étais endormie tout en nourrissant Matthew ! J’avais à présent deux petites boursouflures sur le bout de mon mamelon. À ce moment-là, j'ai découvert une nouvelle définition de douleur. Mon lait est arrivé deux jours plus tard et j'ai alors subi un engorgement massif. Je ne m'en sortais pas trop mal même si le fait de m'accrocher causait des douleurs aiguës mais momentanées. Environ sept jours plus tard, j'ai commencé à avoir une douleur de plus en plus régulière au sein, la mastite s’est installée dans mon sein d'allaitement. Pour les deux ou trois jours suivants, jusqu'à ce que l'infection se calme, j'ai allaité de façon très douloureuse, sans pouvoir retenir mes larmes et en craignant chaque prochaine mise au sein. Mais pendant ce temps, Matthew s’est nourri de manière satisfaisante et s’est endormi à mon sein énorme, chaud et gonflé. Mon mari m'a donné tout l'appui nécessaire et a pris un congé de travail afin que je puisse me reposer.
Je n’ai jamais eu l'idée ou l'envie de compléter avec du lait artificiel, sachant que mon fils pourra se nourrir très bien d’un seul sein et que cette mastite n’était pas une raison suffisante pour cesser de le nourrir au sein. Tout s'est amélioré en une semaine, et avant que Matthew n'ait eu 1 mois, nous "dansions" et sautions ensemble. Il n'a jamais eu de biberon.
J'ai nourri Matthew pendant ses cinq premières années, y compris durant sa troisième année alors que j’étais enceinte de son petit frère.
À la stupéfaction de chacun, j'ai alors nourri mon nouveau-né aussi bien que son frère et ai continué de les nourrir tous les deux pendant un an et demi. Tous les deux ont démarré tardivement l’alimentation solide. Matthew a été exclusivement nourri à mon sein jusqu'à ce qu'il soit âgé d’un an.
Je suis encore stupéfaite par la capacité de mon sein unique de fournir de telles quantités massives de lait pendant tout ce temps. Je ne peux pas me rappeler quand j’ai mis Matthew au sein pour la dernière fois ; il s'est sevré tellement graduellement. Tout ce dont je me rappelle c’est qu'il s’est passé plus d'une semaine depuis la dernière fois qu'il est venu au sein. Pas une grande affaire pour lui, mais un moment un peu mélancolique pour la maman.
J’ai nourri ma fille jusqu'à ce qu'elle soit âgée de trois ans et demi, au point que j’allais devoir l'encourager à se sevrer. En effet, une autre circonstance était survenue qui fit que je devais de nouveau rendre visite au consultant en lactation et au chirurgien plastique. Juste avant Noël, j’étais encore enceinte alors même que ma fille continuait de se nourrir à mon sein aussi satisfaite que jamais. Quand ma grossesse en fut à 13 semaines, nous avons découvert à notre surprise que je portais deux bébés. J'ai continué à nourrir ma fille, parce que je n'ai vu aucune raison de la sevrer. Cependant, j’ai commencé à me poser les questions concernant les soins des jumeaux. J'ai alors de nouveau consulté Linda, la consultante en lactation, ainsi que mon nouveau généraliste, concernant la possibilité d'une chirurgie des conduits lactifères pour mon sein droit. Bien que disposée à explorer cette possibilité, j'ai été complètement rassurée par les premiers mots de Linda à mon sujet : « bien, nous savons toutes les deux que vous n'aurez aucun problème pour alimenter ces deux bébés avec un seul sein. » Nous avions vu toutes les deux que j'avais une offre de lait abondante, et que si un seul sein suffisait plus qu'assez pour un bébé, il conviendrait et suffirait tout à fait pour deux. Mon généraliste a rit doucement à mes circonstances. Depuis la naissance de mon premier enfant (à la laquelle elle avait assisté en tant que médecin de garde), j'étais sur la voie de la réhabilitation en tant que mère et principalement, en tant que femme.
Elle avait observé avec moi les lignes et points sensibles tout au long de cette aventure et m’apportait au fur et à mesure des conseils que je n'avais pas toujours compris. Quant au fait d’allaiter, j'ai toujours su cependant, que peu m’importait le défi que je pouvais rencontrer, je le surmonterais. La perspective d’avoir des jumeaux, cependant, m'a incitée à réfléchir deux fois.
J'ai alors consulté le chirurgien, et les nouvelles n'étaient pas bonnes.
Il y avait une chance de - 10 % pour que les canaux lactifères puissent être ouverts et puissent devenir fonctionnels. La même situation a été exposée et mise en avant : je devrais subir immédiatement la chirurgie après l'accouchement. Après quoi j'aurais une blessure ouverte que je devrais maintenir ouverte, en allaitant. Si la blessure se fermait, le tissu guérirait et se refermerait vers le haut encore. Mais aussi longtemps que la blessure serait ouverte, je ferais face à la probabilité d’infections multiples au sein.
Sur le champ, j’ai laissé tomber.
J’avais voulu étudier cette possibilité et maintenant, après l’avoir fait, je pouvais clôturer un chapitre dans ma vie en lui donnant tout son sens.
En attendant, j’ai continué à nourrir ma fille mais enceinte de 34 semaines, ses tétées commençaient à déclencher des contractions fortes.
Je n'ai pas voulu donner naissance aux jumeaux prématurément alors j'ai entamé le sevrage de ma fille. Je n'étais pas si malheureuse. Ainsi à l'âge de trois ans et demi, avec mon encouragement, nous avons entamé le processus, très doucement.
Les jumeaux sont nés, à la maison, à 39 bonnes semaines et dans un temps record, après 40 minutes de travail actif. Ils pesaient 3,2 et 3,34 kg et avaient très faim.
Jusqu'ici, j'ai cru en ma capacité de produire assez de lait pour elles. J'ai eu une visite post-partum avec ma consultante en lactation dix jours plus tard. Chaque fille avait gagné 280 grammes de plus que son poids de naissance. Nous avons corrigé ensemble quelques mauvaises habitudes que j'avais développé en allaitant des enfants plus âgés pendant trois années et avons discuté un peu de l'allaitement des jumeaux. Linda s'est assurée que j'avais bien compris que je ne devais pas être défaitiste. J'ai voulu savoir tout de suite si j’aurais suffisamment de lait ou si je devrais compléter. À présent, je devrais juste les alimenter et être simplement heureuse en tant que telle. C’est aussi simple que cela.
Je n’ai pas eu besoin de donner des biberons ou autre forme de supplémentation parce que j’ai été approvisionnée par mon corps qui a exigé que mon unique sein produise des quantités copieuses de lait. Les filles se nourrissaient l’une après l'autre et je pouvais même encore tirer plus de lait du sein à l’aide d’un tire-lait électrique.
Ma confiance dans les capacités de mon corps a fait des merveilles pour moi. Nous pratiquons le codo-do et quand je m’endors avec les filles, chacune de nous trois dort incroyablement bien.
Si vous demandez combien de fois par jour je nourris mes filles, je ne pourrais pas vous le dire. Si vous demandez qui a été nourrie pour la dernière fois, je pourrais probablement vous répondre. Elles tètent souvent. Mon réflexe d’éjection fort du lait (REF) pourrait noyer mes bébés au moment de leur mise au sein. Assez étonnamment, ce même réflexe m'a permis de nourrir les jumeaux avec une grande efficacité. Chaque bébé peut être entièrement alimenté en moins de dix minutes. Après un rot rapide, j'offre le sein encore. De nombreuses fois, j’allaite l’un de mes bébés tandis que l’autre attend son tour. J’allaite le premier bébé jusqu'à ce qu'elle soit assouvie, je m'occupe alors du deuxième. Habituellement, je m'assieds les jambes croisées, un bébé calé entre mes jambes et l’autre au sein. Je continue à les alterner jusqu'à ce que les deux filles soient entièrement repues et qu'elles commencent à sombrer dans le sommeil. Je continue de penser au temps que j'aurais en plus si mes deux seins fonctionnaient pour les nourrir. Je suis ravie avec mes filles. Elles me rendent très heureuse. Ainsi que le monde autour. J'aime l'attention que les autres leur accordent et la manière dont ma famille évolue.
Allaiter deux bébés unilatéralement n'est pas compliqué. Suivre mon instinct et les signes qu'ils ont besoin de moi rendent la vie facile. Le temps passé avec un bébé au sein prend une bonne partie de ma journée, mais ce qui rend ce rythme facile est le fait de suivre un modèle de parentalité de proximité. En d'autres termes, il n'y a aucun programme à suivre, les filles suivent leur propre chemin. Parfois leurs ventres sont affamés en même temps, mais jamais jusqu’au point que les douces caresses ne les apaisent pas pendant que l'une d’elles attend son tour.
Il n'y a aucune magie en allaitant deux bébés avec un sein. Je suis confiante en ma capacité de m'assurer que ces bébés se développent bien. Je n'ai jamais suivi aucun programme d’allaitement et ne vois aucune raison de commencer. J'observe ce qu’elles font dans leur couche-culotte et si elles prennent du poids. Deux tâches faciles.
Mes filles pleurent rarement ; si elles le font, c’est pour une raison à laquelle je peux facilement remédier. Ni l'une ni l'autre n'a eu la colique, c’est quelque chose que nous avons évité grâce à l’éducation parentale que nous pratiquons et en fournissant exclusivement le lait de mon sein. Le plus grand défi à avoir des jumeaux est celui de trouver le soutien nécessaire et en quantité suffisante, particulièrement lors des premières semaines de vie. Sans le soutien de mon mari, de mamans semblables, des consultantes en lactation et de la communauté de « naissance à la maison », je suis sûre que j'aurais dû faire face aux plus grands défis que ça. Je suis heureuse de pouvoir fournir à mes bébés le meilleur, sachant que mon corps a été conçu pour cela et en prouvant ainsi au monde qu’en lui donnant sa chance, mon corps peut fonctionner à merveille.
Patricia G. Blomme vit avec sa famille au pied des montagnes Rocheuses canadiennes.
http://www.mothering.com/articles/new_baby/breastfeeding/one-breast-enough.html
One Breast is Enough
Traduit de l'anglais.
Able to nurse from only one side, this mother still produced ample milk for five children.
Par Patricia G. Blomme
Je suis une mère qui allaite de façon unilatérale. Mon histoire a commencé il y a 33 ans, un frais matin de novembre.
J'avais six ans et venais de laisser sortir le chat. J'ai vu que le fourneau était allumé et j’ai tourné autour. Pendant que j'essayais de l'arrêter, mon pyjama a pris feu. J'ai été brûlée au 3ème degré. Des brûlures recouvraient 30 % de mon corps, y compris la moitié de l'avant de mon torse et ont effacé mon mamelon droit.
Quand j’ai eu 25 ans, j'ai commencé à m’informer sur ce que je devais faire pour pouvoir allaiter. Mon chirurgien esthétique m'a dit que je pourrais mais que j'aurais de grandes douleurs et des pressions d’engorgement dans mon sein droit brûlé et qu'il n'avait entendu parler d'aucun procédé par lequel les conduits du lait de ce sein pourraient être ouverts pour soulager cette pression.
Quelques années après, j'ai vu un autre chirurgien. Il m'a dit que les conduits pourraient être chirurgicalement ouverts, (aucun petit exploit !) quand j'ai commencé la lactation. Je devrais alors continuer à extraire le lait pour maintenir les conduits ouverts jusqu'à ce que la guérison soit complète. Je supporterais une certaine douleur, mais j'étais exaltée d'avoir trouvé quelqu'un essayais de m'aider.
J'ai continué mes enquêtes mais n'ai rien trouvé au sujet de ma situation particulière dans les textes médicaux et de soins que j'ai lus au fil des années. Même pendant ma formation initiale en tant qu'infirmière diplômée, l'éducation dans le domaine de la lactation manquait considérablement.
J'avais l'impression que les seins d'une femme fonctionnaient ensemble. Parmi mes amies, une seule était mère et quand elle allaitait, un sein fuyait en utilisant l'autre.
Dans mon cas, il n'y avait aucun endroit pour que cette fuite aille.
Mais je voulais vraiment allaiter, et j’ai décidé d'étudier la chirurgie de conduits de lait.
Le bébé que j’allais pourtant concevoir en a valu la peine. Avant même que je puisse prendre un rendez-vous avec le chirurgien esthétique, je suis tombée enceinte de mon premier enfant et j’ai été dirigée vers la consultante en lactation qui a travaillé avec le groupe médical de mon médecin de famille.
Linda était superbe, dés le départ elle m’a expliqué qu'il ne devrait y avoir aucun problème pour que j'allaite ; que c'était seulement une question de désir et de motivation. Je ne pouvais pas en croire mes oreilles. J'ai été informée sur tous les changements qui interviendraient sur mes seins et comment ils fonctionneraient indépendamment l'un de l'autre. Elle a alors parlé de comment les feuilles fraîches de chou pourraient supprimer la lactation dans mon sein droit invalide tandis que j'allaiterais avec le gauche. À ce moment la, je n’ai pas pu savoir à quel point l’aide de ces feuilles m'allait être utile. J'ai quitté ce rendez-vous me sentant confiante dans le fait que je pourrais allaiter mon enfant.
J'ai donné naissance dans l'hôpital, sans médicalisation, à un bébé, un garçon de 3,7 kilos. J'ai reçu peu de soutien pour allaiter de la part des infirmières de l’hôpital où mon fils nouveau-né, Paul, et moi étions suivis. Nous avons décidé de rentrer à la maison le jour même où j’ai donné naissance.
Le troisième jour post-partum, je me suis réveillée avec toute la joie d'avoir une paire d’obus d'un rouge ardent reposant sur mon buste. Je me suis sentie glorifiée.
J’allais bien. Linda et une autre consultante en lactation, le Dr. Janette Hurley, m'ont aidée grâce à leurs connaissances et encouragements, pendant ma première visite post-partum.
Le septième jour, je sentais moins d'engorgement dans mon sein droit. Puisque je n'utilisais pas ce sein et appliquais des feuilles de chou, la production de lait de ce côté était supprimée et le bébé se nourrissait avec bonheur au sein gauche. Lors d’un après-midi ardent, je me suis endormie avec quelques feuilles froides de chou sur mon sein droit et me suis réveillée avec la sensation d’avoir entièrement cuit le chou. Beurk.
J'ai allaité Paul pendant quatre mois et demi. Mais j'étais toujours soucieuse qu’il n’obtenait pas assez de lait. Pendant l’allaitement, j’ai donné du lait tiré de mon sein en supplément et du lait artificiel. Il s’est alors sevré de mon sein par la méthode la plus facile, le biberon.
J'ai été bouleversée et je n'ai pas su le récupérer au sein. Mon docteur ne m’a pas aidée et ne m’a pas demandé si je voulais continuer d'allaiter ni expliqué comment reprendre l’allaitement. Elle ne m’a même pas demandé si je voulais parler avec des consultants en lactation. Elle a simplement supposé que je ne voulais plus allaiter. Pourtant, j'aurais sauté sur le fait de pouvoir parler avec une consultante en lactation et de pouvoir reprendre l’allaitement. J’ai eu l’impression d’un échec complet et j'ai ressenti une énorme culpabilité. J'ai continué donner le biberon avec du lait artificiel et six semaines plus tard, j’étais à nouveau enceinte.
Cette deuxième grossesse a comblé le vide et a rallumé mon désir d'allaiter. La naissance de mon deuxième enfant, Matthew, fut complètement différente. Elle eut lieu à la maison, avec des sages-femmes, et cette fois là, j'ai eu beaucoup d'appui.
Après avoir demandé une sage-femme spécialisée dans l’accouchement à la maison, j'ai reçu une aide conforme dans les premières heures pour assurer l’arrivée de ce bébé et j’ai pris un bon départ. L'expérience fait beaucoup. J'avais même trouvé un livre qui parlait de l'alimentation unilatérale exclusive : « The nursing mother’s companion », par Kathleen Huggins (éditions Harvard Press, 1999). Tout allait bien jusqu'à ce que je me réveille d’une première petite sieste postnatale tandis que je m’étais endormie tout en nourrissant Matthew ! J’avais à présent deux petites boursouflures sur le bout de mon mamelon. À ce moment-là, j'ai découvert une nouvelle définition de douleur. Mon lait est arrivé deux jours plus tard et j'ai alors subi un engorgement massif. Je ne m'en sortais pas trop mal même si le fait de m'accrocher causait des douleurs aiguës mais momentanées. Environ sept jours plus tard, j'ai commencé à avoir une douleur de plus en plus régulière au sein, la mastite s’est installée dans mon sein d'allaitement. Pour les deux ou trois jours suivants, jusqu'à ce que l'infection se calme, j'ai allaité de façon très douloureuse, sans pouvoir retenir mes larmes et en craignant chaque prochaine mise au sein. Mais pendant ce temps, Matthew s’est nourri de manière satisfaisante et s’est endormi à mon sein énorme, chaud et gonflé. Mon mari m'a donné tout l'appui nécessaire et a pris un congé de travail afin que je puisse me reposer.
Je n’ai jamais eu l'idée ou l'envie de compléter avec du lait artificiel, sachant que mon fils pourra se nourrir très bien d’un seul sein et que cette mastite n’était pas une raison suffisante pour cesser de le nourrir au sein. Tout s'est amélioré en une semaine, et avant que Matthew n'ait eu 1 mois, nous "dansions" et sautions ensemble. Il n'a jamais eu de biberon.
J'ai nourri Matthew pendant ses cinq premières années, y compris durant sa troisième année alors que j’étais enceinte de son petit frère.
À la stupéfaction de chacun, j'ai alors nourri mon nouveau-né aussi bien que son frère et ai continué de les nourrir tous les deux pendant un an et demi. Tous les deux ont démarré tardivement l’alimentation solide. Matthew a été exclusivement nourri à mon sein jusqu'à ce qu'il soit âgé d’un an.
Je suis encore stupéfaite par la capacité de mon sein unique de fournir de telles quantités massives de lait pendant tout ce temps. Je ne peux pas me rappeler quand j’ai mis Matthew au sein pour la dernière fois ; il s'est sevré tellement graduellement. Tout ce dont je me rappelle c’est qu'il s’est passé plus d'une semaine depuis la dernière fois qu'il est venu au sein. Pas une grande affaire pour lui, mais un moment un peu mélancolique pour la maman.
J’ai nourri ma fille jusqu'à ce qu'elle soit âgée de trois ans et demi, au point que j’allais devoir l'encourager à se sevrer. En effet, une autre circonstance était survenue qui fit que je devais de nouveau rendre visite au consultant en lactation et au chirurgien plastique. Juste avant Noël, j’étais encore enceinte alors même que ma fille continuait de se nourrir à mon sein aussi satisfaite que jamais. Quand ma grossesse en fut à 13 semaines, nous avons découvert à notre surprise que je portais deux bébés. J'ai continué à nourrir ma fille, parce que je n'ai vu aucune raison de la sevrer. Cependant, j’ai commencé à me poser les questions concernant les soins des jumeaux. J'ai alors de nouveau consulté Linda, la consultante en lactation, ainsi que mon nouveau généraliste, concernant la possibilité d'une chirurgie des conduits lactifères pour mon sein droit. Bien que disposée à explorer cette possibilité, j'ai été complètement rassurée par les premiers mots de Linda à mon sujet : « bien, nous savons toutes les deux que vous n'aurez aucun problème pour alimenter ces deux bébés avec un seul sein. » Nous avions vu toutes les deux que j'avais une offre de lait abondante, et que si un seul sein suffisait plus qu'assez pour un bébé, il conviendrait et suffirait tout à fait pour deux. Mon généraliste a rit doucement à mes circonstances. Depuis la naissance de mon premier enfant (à la laquelle elle avait assisté en tant que médecin de garde), j'étais sur la voie de la réhabilitation en tant que mère et principalement, en tant que femme.
Elle avait observé avec moi les lignes et points sensibles tout au long de cette aventure et m’apportait au fur et à mesure des conseils que je n'avais pas toujours compris. Quant au fait d’allaiter, j'ai toujours su cependant, que peu m’importait le défi que je pouvais rencontrer, je le surmonterais. La perspective d’avoir des jumeaux, cependant, m'a incitée à réfléchir deux fois.
J'ai alors consulté le chirurgien, et les nouvelles n'étaient pas bonnes.
Il y avait une chance de - 10 % pour que les canaux lactifères puissent être ouverts et puissent devenir fonctionnels. La même situation a été exposée et mise en avant : je devrais subir immédiatement la chirurgie après l'accouchement. Après quoi j'aurais une blessure ouverte que je devrais maintenir ouverte, en allaitant. Si la blessure se fermait, le tissu guérirait et se refermerait vers le haut encore. Mais aussi longtemps que la blessure serait ouverte, je ferais face à la probabilité d’infections multiples au sein.
Sur le champ, j’ai laissé tomber.
J’avais voulu étudier cette possibilité et maintenant, après l’avoir fait, je pouvais clôturer un chapitre dans ma vie en lui donnant tout son sens.
En attendant, j’ai continué à nourrir ma fille mais enceinte de 34 semaines, ses tétées commençaient à déclencher des contractions fortes.
Je n'ai pas voulu donner naissance aux jumeaux prématurément alors j'ai entamé le sevrage de ma fille. Je n'étais pas si malheureuse. Ainsi à l'âge de trois ans et demi, avec mon encouragement, nous avons entamé le processus, très doucement.
Les jumeaux sont nés, à la maison, à 39 bonnes semaines et dans un temps record, après 40 minutes de travail actif. Ils pesaient 3,2 et 3,34 kg et avaient très faim.
Jusqu'ici, j'ai cru en ma capacité de produire assez de lait pour elles. J'ai eu une visite post-partum avec ma consultante en lactation dix jours plus tard. Chaque fille avait gagné 280 grammes de plus que son poids de naissance. Nous avons corrigé ensemble quelques mauvaises habitudes que j'avais développé en allaitant des enfants plus âgés pendant trois années et avons discuté un peu de l'allaitement des jumeaux. Linda s'est assurée que j'avais bien compris que je ne devais pas être défaitiste. J'ai voulu savoir tout de suite si j’aurais suffisamment de lait ou si je devrais compléter. À présent, je devrais juste les alimenter et être simplement heureuse en tant que telle. C’est aussi simple que cela.
Je n’ai pas eu besoin de donner des biberons ou autre forme de supplémentation parce que j’ai été approvisionnée par mon corps qui a exigé que mon unique sein produise des quantités copieuses de lait. Les filles se nourrissaient l’une après l'autre et je pouvais même encore tirer plus de lait du sein à l’aide d’un tire-lait électrique.
Ma confiance dans les capacités de mon corps a fait des merveilles pour moi. Nous pratiquons le codo-do et quand je m’endors avec les filles, chacune de nous trois dort incroyablement bien.
Si vous demandez combien de fois par jour je nourris mes filles, je ne pourrais pas vous le dire. Si vous demandez qui a été nourrie pour la dernière fois, je pourrais probablement vous répondre. Elles tètent souvent. Mon réflexe d’éjection fort du lait (REF) pourrait noyer mes bébés au moment de leur mise au sein. Assez étonnamment, ce même réflexe m'a permis de nourrir les jumeaux avec une grande efficacité. Chaque bébé peut être entièrement alimenté en moins de dix minutes. Après un rot rapide, j'offre le sein encore. De nombreuses fois, j’allaite l’un de mes bébés tandis que l’autre attend son tour. J’allaite le premier bébé jusqu'à ce qu'elle soit assouvie, je m'occupe alors du deuxième. Habituellement, je m'assieds les jambes croisées, un bébé calé entre mes jambes et l’autre au sein. Je continue à les alterner jusqu'à ce que les deux filles soient entièrement repues et qu'elles commencent à sombrer dans le sommeil. Je continue de penser au temps que j'aurais en plus si mes deux seins fonctionnaient pour les nourrir. Je suis ravie avec mes filles. Elles me rendent très heureuse. Ainsi que le monde autour. J'aime l'attention que les autres leur accordent et la manière dont ma famille évolue.
Allaiter deux bébés unilatéralement n'est pas compliqué. Suivre mon instinct et les signes qu'ils ont besoin de moi rendent la vie facile. Le temps passé avec un bébé au sein prend une bonne partie de ma journée, mais ce qui rend ce rythme facile est le fait de suivre un modèle de parentalité de proximité. En d'autres termes, il n'y a aucun programme à suivre, les filles suivent leur propre chemin. Parfois leurs ventres sont affamés en même temps, mais jamais jusqu’au point que les douces caresses ne les apaisent pas pendant que l'une d’elles attend son tour.
Il n'y a aucune magie en allaitant deux bébés avec un sein. Je suis confiante en ma capacité de m'assurer que ces bébés se développent bien. Je n'ai jamais suivi aucun programme d’allaitement et ne vois aucune raison de commencer. J'observe ce qu’elles font dans leur couche-culotte et si elles prennent du poids. Deux tâches faciles.
Mes filles pleurent rarement ; si elles le font, c’est pour une raison à laquelle je peux facilement remédier. Ni l'une ni l'autre n'a eu la colique, c’est quelque chose que nous avons évité grâce à l’éducation parentale que nous pratiquons et en fournissant exclusivement le lait de mon sein. Le plus grand défi à avoir des jumeaux est celui de trouver le soutien nécessaire et en quantité suffisante, particulièrement lors des premières semaines de vie. Sans le soutien de mon mari, de mamans semblables, des consultantes en lactation et de la communauté de « naissance à la maison », je suis sûre que j'aurais dû faire face aux plus grands défis que ça. Je suis heureuse de pouvoir fournir à mes bébés le meilleur, sachant que mon corps a été conçu pour cela et en prouvant ainsi au monde qu’en lui donnant sa chance, mon corps peut fonctionner à merveille.
Patricia G. Blomme vit avec sa famille au pied des montagnes Rocheuses canadiennes.
http://www.mothering.com/articles/new_baby/breastfeeding/one-breast-enough.html
One Breast is Enough
Traduit de l'anglais.
Able to nurse from only one side, this mother still produced ample milk for five children.
Par Patricia G. Blomme
Allaitement jusqu'au sevrage naturel avec Hypoplasie mammaire bilatérale
Mon premier enfant est né en 2007, pour moi il ne faisait aucun doute qu’il serait allaité. Le démarrage a été très difficile après un accouchement épuisant que je voulais naturel mais qui s’est terminé avec une péridurale par manque d’aide et de préparation. Mon fils réclamait le sein tout le temps mais ne prenait pas de poids. La cinquième nuit, un complément m’a été imposé, le lendemain il avait repris 20g, nous sommes donc sortis avec comme consigne un allaitement exclusif et aucune aide… au bout de 15 jours, il n’avait pas repris 1g de plus… Désespérée et après avoir appelé ma sage-femme, j’ai commencé à donner des compléments de lait artificiel au biberon à chaque tétée. La sage-femme m’a dit « ne vous inquiétez pas, reposez-vous, votre lait va revenir »… sic… au bout de 10 jours, j’ai pris contact avec une association d’aide à l’allaitement mais les conseils n’ont pas été très pertinents : me reposer (facile à dire…), arrêter les compléments, pratiquer le peau à peau, la super-alternance et la compression du sein… 2 jours après, mon fils avait perdu du poids. J’ai donc repris les compléments.
1 mois plus tard, j’ai trouvé les coordonnées d’une consultante en lactation. Nous étions avant les vacances de Noël et je devais partir 2 jours après, nous n’avons pas pu nous voir mais avons pris rdv pour mon retour. En attendant, elle m’a conseillé de donner les compléments au DAL, ce que j’ai fait mais difficilement, ayant du mal à utiliser le dispositif. Mon fils s’endormait dessus mais se réveillait dès que je le posais. J’étais épuisée… tant et si bien que j’ai fini par tomber malade, une gastro-entérite carabinée, perte de 3 kg en 2 jours, mon médecin a suspecté une salmonellose. Ce n’était pas le cas mais j’ai mis 15 jours à me rétablir. J’ai dû annuler le rdv avec la consultante et sous la pression de mon entourage, j’ai décidé de sevrer progressivement mon fils. Pendant 1 mois, j’ai donc diminué une après l’autre les tétées au sein jusqu’à passer à seulement 2 par jour… et là je n’ai pas pu continuer, c’était trop difficile, je tenais tellement à cet allaitement… je pleurais sans cesse. Alors je me suis remise à lui donner le sein avant chaque biberon. À 5 mois, nous avons commencé les solides et, miracle ! Il s’est mis à dormir la nuit (avant il avait de grands épisodes de pleurs, même en co-dodo), j’ai donc pu récupérer de ma fatigue et 15 jours après, j’ai contacté une animatrice LLL pour tenter d’augmenter ma lactation. Sur ses conseils, j’ai mis mon fils au sein le plus souvent possible et j’ai tiré mon lait entre les tétées. Vers 8 mois, nous avons arrêté les compléments car il était suffisamment diversifié. L’allaitement a été poursuivi jusqu’au sevrage naturel, soit 3 ans et 7 mois avec des tétées nocturnes fréquentes (il avait recommencé à se réveiller la nuit vers 11 mois) jusqu’à 3 ans. Pendant cette durée, je suis devenue animatrice LLL et durant ma formation, j’ai émis plusieurs hypothèses sur les difficultés que j’avais rencontrées mais toutefois sans aucune certitude : frein de lèvre, péridurale, mauvaise position au sein…
J’avais même pensé à l’hypoplasie en lisant les descriptions des seins mais sans trop y croire : je suis infirmière et je sais bien que lorsqu’on fait des études médicales, on a tendance à se reconnaître dans les descriptions de la moitié des pathologies.
Mon second est né le 28 janvier 2013 au terme d’un accouchement très naturel et dont je garde un souvenir émerveillé. Il est resté en peau à peau avec moi pendant les heures qui ont suivi, a trouvé le sein tout seul et s’est mis à téter de manière très efficace. Je suis restée 4 jours à l’hôpital dans une ambiance respectueuse de l’allaitement et j’allaitais mon fils aux signes d’éveil. Je n’ai utilisé le berceau de la maternité que pour prendre ma douche … La montée de lait a été très douce et progressive, j’ai mis cela sur le compte des tétées très fréquentes. Il n’a recommencé à prendre du poids qu’à mon retour à la maison, soit J5 et n’a repris son poids de naissance qu’à J11. Voyant cela, j’ai pratiqué la super alternance et la compression du sein mais la prise de poids restait assez faible (environ 140g par semaine). Il avait 5 à 6 couches mouillées par jour mais les selles étaient un peu insuffisantes.
Après 4 semaines, la prise de poids s’est encore ralentie (100g/semaine). À 1 mois ½, j’ai contacté une amie animatrice qui est aussi consultante en lactation. Sur son conseil, j’ai essayé pendant 5 jours d’ajouter une séance d’expression au tire-lait électrique entre 2 tétées du matin. Parallèlement, j’ai pris de la dompéridone. Je tirais peu : 10 à 20 ml et le poids de mon bébé a stagné sur ces 5 jours. J’ai arrêté le tire-lait car avec bébé en écharpe, c’était une gageure : le bruit le réveillait et il voulait téter pour se rendormir, j’avais l’impression de me stresser et de n’être pas du tout efficace… Dans le même temps, j’ai vu un pédiatre hyper-favorable à l’allaitement (son épouse est consultante en lactation). Il a cherché un problème de santé côté bébé, d’autant que mon fils présente des fibrochondromes (sorte de boutons) sur une joue qui peuvent être associés à des malformations des organes internes. Il n’y avait (heureusement…) aucun problème de ce côté-là mais la prise de poids devenait de plus en plus catastrophique (même plus 10g/jour). À côté de cela, la prise de taille et de périmètre crânien étaient normales et mon fils restait très tonique et toujours de bonne humeur. Le pédiatre m’a donc autorisée à partir en vacances dans ma famille avec pour consigne de ne rien faire d’autre qu’allaiter. Consigne que j’ai appliquée à la lettre avec toujours portage en continu, co-dodo, compression du sein, super-alternance, dompéridone, fenugrec et tisanes galactogènes… verdict au retour : 80g en 18 jours… donc consigne de donner des compléments de lait artificiel pendant 10 jours pour voir ce qui allait se passer.
Après contact avec mon amie consultante, j’ai réparti les compléments au DAL sur 6 prises par jour en pesant bébé tous les jours pour ajuster le plus finement possible les doses. Le premier jour, j’ai donné 30 ml à chaque fois : prise de poids 10g. Le lendemain, j’ai proposé 60 ml dont il a pris entre 30 et 60, avec un total de 270 ml : prise de poids 50g ! J’ai donc continué sur ce rythme avec une dose de complément qui s’est stabilisée autour de 300ml/jour. À la visite chez le pédiatre, il avait pris 370g en 10 jours ce qui a bien confirmé l’hypoplasie. Mon amie était sûre de l’observation faite sur mes seins (tout petit volume de glande mammaire), et après avoir vu des photos de seins hypoplasiques, je n’ai moi-même plus aucun doute… les miens présentent effectivement toutes les caractéristiques (déformation de l’aréole vers le bas et l’extérieur, grand écartement entre les seins, pas de galbe en dessous…)
Pas facile à vivre pour moi qui suis aussi convaincue de l’intérêt d’un allaitement exclusif, mon moral était au plus bas. Heureusement des amies ont tiré leur lait pour moi, ce qui m’a permis de réduire au minimum le lait artificiel et de tenir le coup moralement. Cela a aussi donné lieu a des rencontres et de nouvelles amitiés notamment via la page Facebook « Human Milk 4 Human Babies » ainsi qu’à des moments grandioses, notamment quand une des marraines de lait de mon fils lui a donné le sein en direct tout en allaitant son bambin de l’autre côté. Nous étions sur la plage, le succès a été très vif ! Par ailleurs, l’expérience avec mon ainé m’a montré qu’une fois que le bébé était suffisamment diversifié, cela redevenait un allaitement « normal » … Et même si ça n’a pas été de tout repos, cela m’a fait du bien de pouvoir maintenir un allaitement exclusif les 3 premiers mois. Je m’en suis voulu un peu de n’avoir pas donné assez à manger à mon bébé mais d’après le pédiatre il n’en a pas souffert et pour lui il était essentiel de préserver mon allaitement. Mon amie consultante pense que cela n’a été possible que parce que les dépenses caloriques de mon bébé étaient très faibles du fait du portage permanent en écharpe.
J’ai commencé la diversification plus tôt, un peu après ses 4 mois, au début quelques miettes de nourriture. Ce n’était pas grand-chose mais je trouvais cela rassurant car je me disais que si pour une raison X ou Y je ne pouvais pas utiliser le DAL, je pouvais ponctuellement remplacer par autre chose sans que mon bébé ait à souffrir de la faim. À 5 mois, il a commencé à vraiment être en demande des aliments solides et j’ai pu remplacer une dose de complément par un petit repas. Petit à petit, à mesure qu’il prenait de plus en plus de solide,s j’ai supprimé ainsi toutes les doses de lait. Il a pris la dernière à presque 9 mois à notre grand soulagement à tous, car j’ai retrouvé plus de disponibilité pour le reste de ma famille et pour moi ! … mine de rien, le DAL c’est quand même pas mal de logistique…
Mon fils a maintenant un peu plus de 9 mois et se porte comme un charme. Chaque tétée est pour moi un bonheur, y compris la nuit. Je sais que vu mon problème, ces dernières sont importantes pour le maintien de la lactation, aussi je vis très bien le fait d’être tirée de mon sommeil, et n’éprouve pas de difficulté à me rendormir ni de fatigue particulière. Pour mon ainé, j’ignorais cela, je m’étais laissé convaincre par une pédiatre qu’il avait un problème car il ne « faisait pas ses nuits », ce qui m’inquiétait et m’empêchait de dormir !
Je lui propose toujours le sein avant les repas et pour s’endormir et de nombreuses autres fois dans la journée, même si parfois il ne veut pas, étant plus intéressé par ce que fait son grand frère… ! Je me sens soulagée et fière de ce que j’ai réussi à faire et j’espère que nous allons pouvoir continuer à vivre cet allaitement sereinement jusqu’au sevrage naturel. J’espère aussi qu’un jour toutes les mères pourront recevoir un soutient adapté dans leur allaitement. Quand on galère et qu’on ne sait pas pourquoi, c’est vraiment dur et démoralisant alors que la compréhension du problème est d’une grande aide pour le surmonter. Dans des cas comme cela, le soutien des proches et des professionnels de santé est essentiel et je tiens à remercier toutes celles et ceux qui m’ont soutenue dans cette aventure ainsi que mes 2 garçons qui se sont accrochés avec toute leur belle énergie.
Mouf.
Maman de deux enfants allaités.
1 mois plus tard, j’ai trouvé les coordonnées d’une consultante en lactation. Nous étions avant les vacances de Noël et je devais partir 2 jours après, nous n’avons pas pu nous voir mais avons pris rdv pour mon retour. En attendant, elle m’a conseillé de donner les compléments au DAL, ce que j’ai fait mais difficilement, ayant du mal à utiliser le dispositif. Mon fils s’endormait dessus mais se réveillait dès que je le posais. J’étais épuisée… tant et si bien que j’ai fini par tomber malade, une gastro-entérite carabinée, perte de 3 kg en 2 jours, mon médecin a suspecté une salmonellose. Ce n’était pas le cas mais j’ai mis 15 jours à me rétablir. J’ai dû annuler le rdv avec la consultante et sous la pression de mon entourage, j’ai décidé de sevrer progressivement mon fils. Pendant 1 mois, j’ai donc diminué une après l’autre les tétées au sein jusqu’à passer à seulement 2 par jour… et là je n’ai pas pu continuer, c’était trop difficile, je tenais tellement à cet allaitement… je pleurais sans cesse. Alors je me suis remise à lui donner le sein avant chaque biberon. À 5 mois, nous avons commencé les solides et, miracle ! Il s’est mis à dormir la nuit (avant il avait de grands épisodes de pleurs, même en co-dodo), j’ai donc pu récupérer de ma fatigue et 15 jours après, j’ai contacté une animatrice LLL pour tenter d’augmenter ma lactation. Sur ses conseils, j’ai mis mon fils au sein le plus souvent possible et j’ai tiré mon lait entre les tétées. Vers 8 mois, nous avons arrêté les compléments car il était suffisamment diversifié. L’allaitement a été poursuivi jusqu’au sevrage naturel, soit 3 ans et 7 mois avec des tétées nocturnes fréquentes (il avait recommencé à se réveiller la nuit vers 11 mois) jusqu’à 3 ans. Pendant cette durée, je suis devenue animatrice LLL et durant ma formation, j’ai émis plusieurs hypothèses sur les difficultés que j’avais rencontrées mais toutefois sans aucune certitude : frein de lèvre, péridurale, mauvaise position au sein…
J’avais même pensé à l’hypoplasie en lisant les descriptions des seins mais sans trop y croire : je suis infirmière et je sais bien que lorsqu’on fait des études médicales, on a tendance à se reconnaître dans les descriptions de la moitié des pathologies.
Mon second est né le 28 janvier 2013 au terme d’un accouchement très naturel et dont je garde un souvenir émerveillé. Il est resté en peau à peau avec moi pendant les heures qui ont suivi, a trouvé le sein tout seul et s’est mis à téter de manière très efficace. Je suis restée 4 jours à l’hôpital dans une ambiance respectueuse de l’allaitement et j’allaitais mon fils aux signes d’éveil. Je n’ai utilisé le berceau de la maternité que pour prendre ma douche … La montée de lait a été très douce et progressive, j’ai mis cela sur le compte des tétées très fréquentes. Il n’a recommencé à prendre du poids qu’à mon retour à la maison, soit J5 et n’a repris son poids de naissance qu’à J11. Voyant cela, j’ai pratiqué la super alternance et la compression du sein mais la prise de poids restait assez faible (environ 140g par semaine). Il avait 5 à 6 couches mouillées par jour mais les selles étaient un peu insuffisantes.
Après 4 semaines, la prise de poids s’est encore ralentie (100g/semaine). À 1 mois ½, j’ai contacté une amie animatrice qui est aussi consultante en lactation. Sur son conseil, j’ai essayé pendant 5 jours d’ajouter une séance d’expression au tire-lait électrique entre 2 tétées du matin. Parallèlement, j’ai pris de la dompéridone. Je tirais peu : 10 à 20 ml et le poids de mon bébé a stagné sur ces 5 jours. J’ai arrêté le tire-lait car avec bébé en écharpe, c’était une gageure : le bruit le réveillait et il voulait téter pour se rendormir, j’avais l’impression de me stresser et de n’être pas du tout efficace… Dans le même temps, j’ai vu un pédiatre hyper-favorable à l’allaitement (son épouse est consultante en lactation). Il a cherché un problème de santé côté bébé, d’autant que mon fils présente des fibrochondromes (sorte de boutons) sur une joue qui peuvent être associés à des malformations des organes internes. Il n’y avait (heureusement…) aucun problème de ce côté-là mais la prise de poids devenait de plus en plus catastrophique (même plus 10g/jour). À côté de cela, la prise de taille et de périmètre crânien étaient normales et mon fils restait très tonique et toujours de bonne humeur. Le pédiatre m’a donc autorisée à partir en vacances dans ma famille avec pour consigne de ne rien faire d’autre qu’allaiter. Consigne que j’ai appliquée à la lettre avec toujours portage en continu, co-dodo, compression du sein, super-alternance, dompéridone, fenugrec et tisanes galactogènes… verdict au retour : 80g en 18 jours… donc consigne de donner des compléments de lait artificiel pendant 10 jours pour voir ce qui allait se passer.
Après contact avec mon amie consultante, j’ai réparti les compléments au DAL sur 6 prises par jour en pesant bébé tous les jours pour ajuster le plus finement possible les doses. Le premier jour, j’ai donné 30 ml à chaque fois : prise de poids 10g. Le lendemain, j’ai proposé 60 ml dont il a pris entre 30 et 60, avec un total de 270 ml : prise de poids 50g ! J’ai donc continué sur ce rythme avec une dose de complément qui s’est stabilisée autour de 300ml/jour. À la visite chez le pédiatre, il avait pris 370g en 10 jours ce qui a bien confirmé l’hypoplasie. Mon amie était sûre de l’observation faite sur mes seins (tout petit volume de glande mammaire), et après avoir vu des photos de seins hypoplasiques, je n’ai moi-même plus aucun doute… les miens présentent effectivement toutes les caractéristiques (déformation de l’aréole vers le bas et l’extérieur, grand écartement entre les seins, pas de galbe en dessous…)
Pas facile à vivre pour moi qui suis aussi convaincue de l’intérêt d’un allaitement exclusif, mon moral était au plus bas. Heureusement des amies ont tiré leur lait pour moi, ce qui m’a permis de réduire au minimum le lait artificiel et de tenir le coup moralement. Cela a aussi donné lieu a des rencontres et de nouvelles amitiés notamment via la page Facebook « Human Milk 4 Human Babies » ainsi qu’à des moments grandioses, notamment quand une des marraines de lait de mon fils lui a donné le sein en direct tout en allaitant son bambin de l’autre côté. Nous étions sur la plage, le succès a été très vif ! Par ailleurs, l’expérience avec mon ainé m’a montré qu’une fois que le bébé était suffisamment diversifié, cela redevenait un allaitement « normal » … Et même si ça n’a pas été de tout repos, cela m’a fait du bien de pouvoir maintenir un allaitement exclusif les 3 premiers mois. Je m’en suis voulu un peu de n’avoir pas donné assez à manger à mon bébé mais d’après le pédiatre il n’en a pas souffert et pour lui il était essentiel de préserver mon allaitement. Mon amie consultante pense que cela n’a été possible que parce que les dépenses caloriques de mon bébé étaient très faibles du fait du portage permanent en écharpe.
J’ai commencé la diversification plus tôt, un peu après ses 4 mois, au début quelques miettes de nourriture. Ce n’était pas grand-chose mais je trouvais cela rassurant car je me disais que si pour une raison X ou Y je ne pouvais pas utiliser le DAL, je pouvais ponctuellement remplacer par autre chose sans que mon bébé ait à souffrir de la faim. À 5 mois, il a commencé à vraiment être en demande des aliments solides et j’ai pu remplacer une dose de complément par un petit repas. Petit à petit, à mesure qu’il prenait de plus en plus de solide,s j’ai supprimé ainsi toutes les doses de lait. Il a pris la dernière à presque 9 mois à notre grand soulagement à tous, car j’ai retrouvé plus de disponibilité pour le reste de ma famille et pour moi ! … mine de rien, le DAL c’est quand même pas mal de logistique…
Mon fils a maintenant un peu plus de 9 mois et se porte comme un charme. Chaque tétée est pour moi un bonheur, y compris la nuit. Je sais que vu mon problème, ces dernières sont importantes pour le maintien de la lactation, aussi je vis très bien le fait d’être tirée de mon sommeil, et n’éprouve pas de difficulté à me rendormir ni de fatigue particulière. Pour mon ainé, j’ignorais cela, je m’étais laissé convaincre par une pédiatre qu’il avait un problème car il ne « faisait pas ses nuits », ce qui m’inquiétait et m’empêchait de dormir !
Je lui propose toujours le sein avant les repas et pour s’endormir et de nombreuses autres fois dans la journée, même si parfois il ne veut pas, étant plus intéressé par ce que fait son grand frère… ! Je me sens soulagée et fière de ce que j’ai réussi à faire et j’espère que nous allons pouvoir continuer à vivre cet allaitement sereinement jusqu’au sevrage naturel. J’espère aussi qu’un jour toutes les mères pourront recevoir un soutient adapté dans leur allaitement. Quand on galère et qu’on ne sait pas pourquoi, c’est vraiment dur et démoralisant alors que la compréhension du problème est d’une grande aide pour le surmonter. Dans des cas comme cela, le soutien des proches et des professionnels de santé est essentiel et je tiens à remercier toutes celles et ceux qui m’ont soutenue dans cette aventure ainsi que mes 2 garçons qui se sont accrochés avec toute leur belle énergie.
Mouf.
Maman de deux enfants allaités.
Hypoplasie mammaire et allaitements
Je voudrais te raconter mon histoire en entier, j'espère que cela pourra servir, en tout cas pour moi, ça sert de faire le point.
D'abord, il faut savoir que j'ai toujours été super complexée par mes seins, car ils sont "creux " en dessous, et je fais du 85 A, voire même pas besoin de soutien gorge du tout, tellement c'était la torture d'aller en acheter, d'ailleurs !
C'est vraiment disgracieux.
Donc, pour moi, l'allaitement était super important parce que ça donnait un peu une raison d'être à cette poitrine moche.
Je n'ai jamais pris de poitrine avec la pilule (mais des kilos, ça oui !) et aucun professionnel de santé ne s'est jamais intéressé à ça, pourtant j'ai vu des gynécologues très tôt pour des règles irrégulières (j'ai été réglée à 11 ans suite à une maladie), sur insistance de ma mère pour qui c'était visiblement très important. J'ai dû prendre un médicament pendant des mois, le Duphaston, qui est normalement pour les femmes à la ménopause, et je pense maintenant que c'est ce qui a empêché ma glande mammaire de se développer au niveau des capteurs hormonaux.
Pendant ma 1ère grossesse, il y a 8 ans donc, je n'ai pas pris du tout de poitrine.
Je n'y connaissais rien en allaitement, j'étais très motivée mais je ne connaissais personne, aucune association, j'étais seule, je n'ai rien lu, je ne comprenais pas pourquoi il y avait tous ces livres.
Pour moi, ça allait de soi.
Mon fils est né en structure, nous avons été très mal accompagnés pour l'allaitement, les professionnels de santé en savaient encore moins long que moi.
On lui a donné des « compléments » derrière mon dos dès la maternité. On m'a découragée à cause de la « nuit de la java », on lui a donné une espèce de sucette, bref....
J'avais cependant du colostrum, et j'ai eu une montée de lait avec les seins gonflés et durs.
Nous sommes rentrés chez nous avec un poids de 2,7 kg pour une naissance à 3 kg.
Je pleurais beaucoup car je sentais que mon bébé crevait de faim, je faisais instinctivement. Je lui donnais autant que possible, je changeais de sein...
Je pleurais et j'appelais l'hôpital pour qu'on m'aide, au point qu'on m'a envoyé la puéricultrice de secteur, car visiblement j'étais une maman dépressive !
À J+ 10, aucune prise de poids, 2,7 kg, un bébé qui grandissait et s'affinait.
Nous sommes allés voir un pédiatre, un de la « vieille école », qui nous a accusé d'être des inconscients, des mauvais parents, que nous affamions notre bébé. Nous sommes sortis tous deux en pleurs et avons acheté une boîte de lait artificiel hypoallergénique à prix d'or dans la première pharmacie venue.
Comme cet allaitement était si important pour moi, nous faisions une tétée « apéritive », puis il prenait un biberon, de 90 ml, puis très vite 120 ml, puis 180, etc, x fois par jour, même la nuit.
Le poids de mon bébé a décollé en flèche, il a rattrapé son retard. Cela a duré trois mois et demi.
Je pensais que c'était débile de s'entêter, que je ne lui donnais que quelque gouttes.
J'ai finalement eu du lait pendant encore 6 mois après ce sevrage sauvage.
Pour mon 2ème enfant, dont la grossesse a été difficile, je voulais réussir cet allaitement, car je pensais que cela nous aiderait à créer ce lien qui nous avait si cruellement manqué pendant la grossesse.
J'ai lu pas mal. J'ai rencontré une marraine d'allaitement et je suis allée à une réunion LLL sur Marseille mais l'animatrice était trop « loin » de ce que je vivais (alors que maintenant, je rêverais de rencontrer quel qu’un comme ça !), et les femmes présentes incapables de comprendre ce que je vivais, avec leurs beaux gros seins gonflés de vie et de lait, leurs veines bleues pourvoyeuses de calories, alors que moi, mes seins sont creux, autant dire vides.
Quand Illia est née, rebelotte, dans une autre structure, dont nous sommes sorties sans suivi au bout de deux jours.
Devant la non prise de poids, tire-lait avant à toute heure du jour et de la nuit (pour si peu de gouttes !), téléphone en larmes aux soutiens, mais non début des compléments, du lait artificiel au biberon. Puis au bout de 3 mois, j'ai voulu revenir au 100%, car Illia était ENORME, et je sentais qu'elle était sur le point de faire une confusion sein-tétine.
Malheureusement pour nous, ce retour à 100% s'est accompagné d'une varicelle carabinée, puis d'une infection urinaire enfin découverte qui durait depuis la naissance.
Elle a perdu 1,5 kg.
À l’age de 6 mois, j’avais un bébé aux besoins intenses et j’utilisais le tire-lait.
J'ai tenu jusqu'à ses 11 mois, avec une nounou qui jetait mon lait, puis je l'ai sevrée. Dans le mois qui a suivi, j'ai fait une dépression et découvert que ma fille était intolérante aux protéines de lait de vache.
Pour Pauline, 1 an plus tard, nous avions découvert la possibilité de l'AAD, (accouchement à domicile), pour autant, même à la maison, le scénario s'est reproduit.
Pendant 4 mois, je n'ai pas écouté mon cœur inquiet. À la place, j’ai écouté mes soutiens, mon homme, la Lactaliste, ma marraine de l’allaitement.
Mais Pauline n'a pris que 1,2 kg en 4 mois.
J'ai finalement rencontré une animatrice LLL qui a compris que je faisais TOUT, mais qu'il y avait un autre problème.
Elle s'est penchée sur ça avec Françoise, et c'est là qu'on a pu poser un nom sur ce PROBLÈME: visiblement, à l’œil nu, je souffre d'hypoplasie mammaire sévère.
Libérée du poids de la culpabilité de ne pas mener mon allaitement aussi bien que j'aurais dû, j'ai accepté le DAL - dispositif d'aide à l'allaitement (pendant 1 mois seulement), la diversification précoce (4 mois), et Pauline a commencé à grossir normalement, enfin !
J'ai pris de la dompéridone pendant 1 an, avec BEAUCOUP de difficultés pour m'en procurer car je mentais aux médecins qui sinon ne voulaient absolument pas m'en prescrire pour l'allaitement. Mon mari s'en faisait prescrire pour moi aussi !
J'ai tiré mon lait avec le double pompage Medela pendant plus d'un an au travail, deux à trois fois par jour, tous les jours travaillés. J'avais cette fois une nounou extra qui était très soigneuse et respectueuse de mon lait. Je congelais en sacs à glaçons, et elle ne décongelait que le nécessaire, soit maximum 60 ml dans la journée - mais le soir, Pauline têtait têtait têtait !
Je ne tirais que 80 à 120 ml par jour dans le meilleur des cas.
Pauline a tété jusqu'à 2 ans 1/2, le jour, la nuit, quand elle voulait, puis comme j'étais enceinte, je n'ai plus eu de lait. Puisque c'était très douloureux, on a arrêté.
Elle s'est finalement sevrée toute seule donc.
Pour Olivia, je savais que ça ne serait pas simple, mais j'avais l'espoir, irréaliste.
Pourtant au bout de 15 jours, j'ai compris.
J'ai ressorti mon DAL et la dompéridone, avec un médecin compréhensif cette fois. Puis j'ai finalement acheté un lact-aid, cet été je crois. Vraiment très bien, ça !
J'ai essayé de lui donner des petits suisses de lait artificiel trop tôt, au doigt, pour compenser, puis me suis contentée du lait artificiel liquide (bio, puis pas bio car elle n'aimait pas le goût du 2ème âge).
Depuis quelques semaines, je reprends la dompéridone, et plus de lait artificiel.
Elle est bien diversifiée, et ça a l'air de marcher.
Est-ce qu’elle est en route vers le sevrage naturel ? On l'espère !
Stéphanie, maman de 4 enfants
D'abord, il faut savoir que j'ai toujours été super complexée par mes seins, car ils sont "creux " en dessous, et je fais du 85 A, voire même pas besoin de soutien gorge du tout, tellement c'était la torture d'aller en acheter, d'ailleurs !
C'est vraiment disgracieux.
Donc, pour moi, l'allaitement était super important parce que ça donnait un peu une raison d'être à cette poitrine moche.
Je n'ai jamais pris de poitrine avec la pilule (mais des kilos, ça oui !) et aucun professionnel de santé ne s'est jamais intéressé à ça, pourtant j'ai vu des gynécologues très tôt pour des règles irrégulières (j'ai été réglée à 11 ans suite à une maladie), sur insistance de ma mère pour qui c'était visiblement très important. J'ai dû prendre un médicament pendant des mois, le Duphaston, qui est normalement pour les femmes à la ménopause, et je pense maintenant que c'est ce qui a empêché ma glande mammaire de se développer au niveau des capteurs hormonaux.
Pendant ma 1ère grossesse, il y a 8 ans donc, je n'ai pas pris du tout de poitrine.
Je n'y connaissais rien en allaitement, j'étais très motivée mais je ne connaissais personne, aucune association, j'étais seule, je n'ai rien lu, je ne comprenais pas pourquoi il y avait tous ces livres.
Pour moi, ça allait de soi.
Mon fils est né en structure, nous avons été très mal accompagnés pour l'allaitement, les professionnels de santé en savaient encore moins long que moi.
On lui a donné des « compléments » derrière mon dos dès la maternité. On m'a découragée à cause de la « nuit de la java », on lui a donné une espèce de sucette, bref....
J'avais cependant du colostrum, et j'ai eu une montée de lait avec les seins gonflés et durs.
Nous sommes rentrés chez nous avec un poids de 2,7 kg pour une naissance à 3 kg.
Je pleurais beaucoup car je sentais que mon bébé crevait de faim, je faisais instinctivement. Je lui donnais autant que possible, je changeais de sein...
Je pleurais et j'appelais l'hôpital pour qu'on m'aide, au point qu'on m'a envoyé la puéricultrice de secteur, car visiblement j'étais une maman dépressive !
À J+ 10, aucune prise de poids, 2,7 kg, un bébé qui grandissait et s'affinait.
Nous sommes allés voir un pédiatre, un de la « vieille école », qui nous a accusé d'être des inconscients, des mauvais parents, que nous affamions notre bébé. Nous sommes sortis tous deux en pleurs et avons acheté une boîte de lait artificiel hypoallergénique à prix d'or dans la première pharmacie venue.
Comme cet allaitement était si important pour moi, nous faisions une tétée « apéritive », puis il prenait un biberon, de 90 ml, puis très vite 120 ml, puis 180, etc, x fois par jour, même la nuit.
Le poids de mon bébé a décollé en flèche, il a rattrapé son retard. Cela a duré trois mois et demi.
Je pensais que c'était débile de s'entêter, que je ne lui donnais que quelque gouttes.
J'ai finalement eu du lait pendant encore 6 mois après ce sevrage sauvage.
Pour mon 2ème enfant, dont la grossesse a été difficile, je voulais réussir cet allaitement, car je pensais que cela nous aiderait à créer ce lien qui nous avait si cruellement manqué pendant la grossesse.
J'ai lu pas mal. J'ai rencontré une marraine d'allaitement et je suis allée à une réunion LLL sur Marseille mais l'animatrice était trop « loin » de ce que je vivais (alors que maintenant, je rêverais de rencontrer quel qu’un comme ça !), et les femmes présentes incapables de comprendre ce que je vivais, avec leurs beaux gros seins gonflés de vie et de lait, leurs veines bleues pourvoyeuses de calories, alors que moi, mes seins sont creux, autant dire vides.
Quand Illia est née, rebelotte, dans une autre structure, dont nous sommes sorties sans suivi au bout de deux jours.
Devant la non prise de poids, tire-lait avant à toute heure du jour et de la nuit (pour si peu de gouttes !), téléphone en larmes aux soutiens, mais non début des compléments, du lait artificiel au biberon. Puis au bout de 3 mois, j'ai voulu revenir au 100%, car Illia était ENORME, et je sentais qu'elle était sur le point de faire une confusion sein-tétine.
Malheureusement pour nous, ce retour à 100% s'est accompagné d'une varicelle carabinée, puis d'une infection urinaire enfin découverte qui durait depuis la naissance.
Elle a perdu 1,5 kg.
À l’age de 6 mois, j’avais un bébé aux besoins intenses et j’utilisais le tire-lait.
J'ai tenu jusqu'à ses 11 mois, avec une nounou qui jetait mon lait, puis je l'ai sevrée. Dans le mois qui a suivi, j'ai fait une dépression et découvert que ma fille était intolérante aux protéines de lait de vache.
Pour Pauline, 1 an plus tard, nous avions découvert la possibilité de l'AAD, (accouchement à domicile), pour autant, même à la maison, le scénario s'est reproduit.
Pendant 4 mois, je n'ai pas écouté mon cœur inquiet. À la place, j’ai écouté mes soutiens, mon homme, la Lactaliste, ma marraine de l’allaitement.
Mais Pauline n'a pris que 1,2 kg en 4 mois.
J'ai finalement rencontré une animatrice LLL qui a compris que je faisais TOUT, mais qu'il y avait un autre problème.
Elle s'est penchée sur ça avec Françoise, et c'est là qu'on a pu poser un nom sur ce PROBLÈME: visiblement, à l’œil nu, je souffre d'hypoplasie mammaire sévère.
Libérée du poids de la culpabilité de ne pas mener mon allaitement aussi bien que j'aurais dû, j'ai accepté le DAL - dispositif d'aide à l'allaitement (pendant 1 mois seulement), la diversification précoce (4 mois), et Pauline a commencé à grossir normalement, enfin !
J'ai pris de la dompéridone pendant 1 an, avec BEAUCOUP de difficultés pour m'en procurer car je mentais aux médecins qui sinon ne voulaient absolument pas m'en prescrire pour l'allaitement. Mon mari s'en faisait prescrire pour moi aussi !
J'ai tiré mon lait avec le double pompage Medela pendant plus d'un an au travail, deux à trois fois par jour, tous les jours travaillés. J'avais cette fois une nounou extra qui était très soigneuse et respectueuse de mon lait. Je congelais en sacs à glaçons, et elle ne décongelait que le nécessaire, soit maximum 60 ml dans la journée - mais le soir, Pauline têtait têtait têtait !
Je ne tirais que 80 à 120 ml par jour dans le meilleur des cas.
Pauline a tété jusqu'à 2 ans 1/2, le jour, la nuit, quand elle voulait, puis comme j'étais enceinte, je n'ai plus eu de lait. Puisque c'était très douloureux, on a arrêté.
Elle s'est finalement sevrée toute seule donc.
Pour Olivia, je savais que ça ne serait pas simple, mais j'avais l'espoir, irréaliste.
Pourtant au bout de 15 jours, j'ai compris.
J'ai ressorti mon DAL et la dompéridone, avec un médecin compréhensif cette fois. Puis j'ai finalement acheté un lact-aid, cet été je crois. Vraiment très bien, ça !
J'ai essayé de lui donner des petits suisses de lait artificiel trop tôt, au doigt, pour compenser, puis me suis contentée du lait artificiel liquide (bio, puis pas bio car elle n'aimait pas le goût du 2ème âge).
Depuis quelques semaines, je reprends la dompéridone, et plus de lait artificiel.
Elle est bien diversifiée, et ça a l'air de marcher.
Est-ce qu’elle est en route vers le sevrage naturel ? On l'espère !
Stéphanie, maman de 4 enfants
mamelons plats augmenter la production lactée et suppléments au sein
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Mamelons rétractés
Les dossiers de l'Allaitement n° 91
LLLFrance |
DAL une méta analyse
DAL - une méta Analyse traduit de l'étude en l'anglais: What is the the evidence for use of a supplemental feeding tube device as an alternative supplemental feeding method for breastfed infants.
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